L’alcool, qu'est-ce que c'est ?

L’alcool est un dépresseur du système nerveux central.

L’alcool contenu dans les boissons alcoolisées est l’alcool éthylique, également appelé éthanol. Il provient de la fermentation des sucres contenus dans les moûts de fruits, de légumes et de certaines céréales. Les boissons alcoolisées les plus répandues sont les bières, les vins, les spiritueux et les coolers. L’absorption de l’alcool débute dès la première gorgée et se poursuit tout au long de la période de consommation, et même dans certains cas plus de deux heures après celle-ci. La vitesse d’absorption de l’alcool et son passage dans le sang dépendent de divers facteurs, de sorte que le temps requis pour atteindre l’alcoolémie maximale (pic d’alcool dans le sang) varie en moyenne entre 30 et 90 minutes après l’arrêt de la consommation.

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Effets et dangers de l'alcool

La dose d’alcool absorbée détermine les effets de l’alcool sur l’organisme. Ces effets sont proportionnels à l’alcoolémie, c’est-à-dire au taux d’alcool dans le sang. Ils s’exercent essentiellement sur le cerveau et perturbent son fonctionnement. L’alcool peut provoquer, selon les quantités consommées :

  • une diminution de la vigilance, souvent responsable d’accidents de la route et d’accidents du travail;
  • une perte du contrôle de soi pouvant conduire à des comportements violents et à des passages à l’acte : agressions sexuelles, violence conjugale, suicide, homicide, etc.;
  • une exposition à des agressions en raison d’une attitude parfois provocatrice ou du fait que la personne en état d’ébriété ne peut pas toujours se contrôler et s’avère souvent incapable de se défendre;
  • la désinhibition (perte de retenue);
  • l’euphorie (sensation de bien-être et de satisfaction);
  • la diminution de l’attention, de la concentration et du jugement;
  • la confusion mentale et la désorientation;
  • l’altération de la perception des couleurs, des formes, des mouvements et des dimensions;
  • les éclats émotionnels;
  • l’agressivité et des comportements violents.

À très fortes doses, l’alcool peut induire l’hypothermie (baisse de la température corporelle), l’anesthésie, l’inconscience, l’absence de réflexes, la dépression respiratoire marquée, le coma et la mort.

Effets chroniques

L’intoxication chronique à l’alcool, également appelée alcoolisme, touche environ 7 % de la population nord-américaine. Elle affecte les principaux organes et systèmes et finit par atteindre l’ensemble du corps humain. Le consommateur régulier abusif risque de développer de nombreuses pathologies :

  • maladies du système nerveux et troubles psychiques : anxiété, dépression, instabilité émotionnelle, troubles du comportement, hallucinations, violence, suicide, homicide;
  • troubles gastro-intestinaux, maladies du foie (hépatite, cirrhose) et du pancréas (pancréatite);
  • troubles cardiovasculaires : cardiomyopathies;
  • troubles sanguins : hémorragies, anémies;
  • troubles métaboliques : perturbations du taux de sucre dans le sang, augmentation de l’acide urique dans le sang entraînant la goutte;
  • troubles hormonaux : diminution de la libido, impuissance, infertilité, irrégularités menstruelles;
  • diminution de la résistance aux infections et augmentation des risques de développer certains cancers (bouche, langue, œsophage, estomac et foie).

Intoxication aiguë et danger du calage d’alcool

La surdose d’alcool ou intoxication aiguë est un phénomène relativement courant. Il se produit lorsqu’une personne ingère de grandes quantités d’alcool dans un court laps de temps.

Le calage d’alcool ou binge drinking (en anglais) est particulièrement fréquent dans les regroupements de jeunes où boire beaucoup d’alcool représente une épreuve ou un défi. Le calage d’alcool peut provoquer une hausse rapide du taux d’alcool dans le sang et entraîner une intoxication sévère pouvant causer la mort.

Il faut savoir que les individus ne réagissent pas tous de la même manière à un niveau déterminé d’alcool. Plusieurs facteurs sont en cause, dont le poids, le sexe, la tolérance, la nourriture ingérée, le contexte de consommation, etc. Il faut donc être vigilant et réagir à temps en cas de surdose.

Lorsqu’une personne a consommé des quantités excessives d’alcool et présente un ou plusieurs symptômes de surdose, il faut appeler sans hésiter le 9-1-1. Dans le doute sur la sévérité d’une intoxication à l’alcool, il ne faut pas laisser la personne seule et communiquer avec le service info-Santé-8-1-1 de votre région ou le Centre antipoison du Québec (1 800-463-5060) afin qu’une personne compétente puisse vous conseiller sur la nécessité de recourir à une assistance médicale.

Symptômes du sevrage à l’alcool

La dépendance à l’alcool peut être très sévère et se traduire par un syndrome de sevrage qui apparaît quelques heures après la diminution ou l’arrêt de la consommation et peut durer de deux à sept jours. Les principaux symptômes du sevrage à l’alcool sont l’anxiété, l’irritabilité, l’insomnie, les tremblements, les convulsions, la confusion, le sentiment d’irréalité, les hallucinations, les maux de tête, la fièvre, la transpiration excessive, les spasmes musculaires, les nausées, les vomissements, l’accélération du rythme cardiaque, l’hypertension artérielle et la perte d’appétit. Les risques de décès associés au sevrage à l’alcool sont significatifs et ne doivent pas être pris à la légère.

Alcool et conduite d’un véhicule moteur

La conduite d’un véhicule à moteur est une opération relativement complexe qui exige l’exécution coordonnée de plusieurs gestes. Elle fait intervenir notamment la perception, l’attention, la concentration, la mémoire, l’anticipation, le jugement et la coordination des mouvements. Étant donné que l’alcool affaiblit les capacités mentales et physiques requises pour une conduite sécuritaire, il est conseillé de s’abstenir de manœuvrer un véhicule à moteur ou une machinerie dangereuse si l’on a consommé de l’alcool. Par ailleurs, associée à des médicaments ou à des drogues, une seule dose d’alcool, même faible, peut avoir des conséquences néfastes immédiates.

Associée à des médicaments ou à des drogues, une seule dose d’alcool, même faible, peut avoir des conséquences néfastes immédiates.

Pour toutes ces raisons, lorsqu’on a consommé de l’alcool, il est impératif d’avoir un conducteur désigné, utiliser les services de raccompagnement, le taxi ou le transport en commun, ou encore rester à coucher chez des amis.

Alcool et grossesse

Toute consommation d’alcool pendant la grossesse peut entraîner des risques pour l’enfant à naître. L’alcool passe du sang maternel au sang du fœtus, sans que le placenta joue son rôle de « filtre » : les concentrations d’alcool chez le fœtus sont donc très proches des concentrations dans le sang maternel.

Une consommation quotidienne, même très faible, ou des ivresses épisodiques peuvent se traduire par des accouchements prématurés, des retards de croissance du fœtus ainsi que des perturbations permanentes de la mémoire, de l’apprentissage et de l’attention. Quant à elle, une consommation quotidienne importante peut provoquer chez l’enfant à naître le syndrome alcoolique fœtal. Ce dernier se manifeste notamment par des anomalies dans la croissance (p. ex. anomalies faciales), des troubles cardiaques, des problèmes oculaires et des dommages du système nerveux central susceptibles de provoquer le retard mental ou l’hyperactivité.

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Tolérance et dépendance

La personne qui a l’habitude de consommer de l’alcool acquiert une tolérance à l’alcool, de sorte qu’elle doit augmenter les quantités ingérées pour obtenir les mêmes effets. Cette tolérance peut se développer rapidement, après seulement quelques jours de consommation de quantités importantes d’alcool.

Certaines personnes risquent de passer d’une consommation raisonnable et contrôlée à une consommation excessive et non contrôlée. De nombreux symptômes apparaissent alors avec la dépendance : tremblements, crampes, anorexie, troubles du comportement. La personne dépendante est incapable de réduire sa consommation ou de cesser de boire, malgré la persistance des dommages causés par cette consommation.

La dépendance psychologique à l’alcool est forte et peut se manifester même à la suite d’une consommation de quantités modérées d’alcool. Le buveur est en proie à l’anxiété, et même à la panique, lorsqu’il ne peut obtenir de l’alcool. Il ressent un désir obsédant (en anglais craving) de consommer qui le pousse à boire de façon compulsive.

Certaines personnes risquent de passer d’une consommation raisonnable et contrôlée, à une consommation excessive et non contrôlée.

La dépendance physique à l’alcool peut être très sévère et se traduire par un syndrome de sevrage après l’arrêt de la consommation. Il est courant chez les personnes souffrant d’alcoolisme, qui cessent ou réduisent leur consommation. L’état de mal-être qui entoure le sevrage est souvent en cause dans les rechutes ou les retours vers une consommation abusive.

Pour un usage responsable

Ces recommandations s’appliquent uniquement aux personnes de 18 ans et plus.

Consommations occasionnelles :

  • Exceptionnellement, pas plus de 3 consommations standard en une seule fois.

Consommations régulières :

  • Pour les femmes : pas plus de 1 consommation standard par jour.
  • Pour les hommes : pas plus de 2 consommations standard par jour.
  • Au moins un jour par semaine sans aucune boisson alcoolisée pour les deux sexes.

Ces recommandations ont leur limite, car les seuils dangereux pour l’alcool varient d’une personne à une autre. Toute consommation d’alcool, aussi minime soit-elle, doit être envisagée avec circonspection.

Il est important de se rappeler que les cinq consommations suivantes contiennent toutes la même quantité d’alcool. C’est ce qu’on appelle une « consommation standard ».

Servis dans un bar ou un restaurant, un verre de bière en fût, une flûte de champagne, un verre de vin rouge, blanc ou rosé, un verre de porto ou un petit verre de whisky contient habituellement des quantités équivalentes d’alcool.

À domicile, les doses sont toutefois plus variables : les verres ne sont pas tous de la même taille et peuvent être plus ou moins remplis. Il est donc important de connaître ce que représente une « consommation standard ».

Ne pas boire d’alcool

  • Pendant l’enfance et la préadolescence
  • Pendant une grossesse
  • Lorsqu’on conduit ou prévoit de conduire un véhicule ou lorsqu’on utilise des outils ou manoeuvre des machines dangereuses
  • Quand on exerce des responsabilités qui nécessitent de la vigilance
  • Quand on prend certains médicaments
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Quelques statistiques

  • Il s’est vendu au cours de l’année se terminant le 31 mars 2013 pour 21,4 milliards de dollars de boissons alcoolisées au Canada. La bière (43 %) et le vin (32 %) représentent les plus grandes parts du marché.
  • L’Enquête de surveillance canadienne de la consommation d’alcool et de drogues (ESCCAD) estime qu’en 2012, 91 % des Canadiens et 92,8 % des Québécois âgés de 15 ans et plus avaient consommé de l’alcool au moins une fois dans leur vie. Au Québec, 82,1 % en ont pris au cours de l’année et 68 % dans le mois qui a précédé l’enquête.
  • Une autre recherche de 2012 sur l’alcool confirme ces chiffres en avançant que 83 % des Québécois font usage d’alcool. Les trois quarts d’entre eux (74 %) consomment du vin alors que 61 % prennent de la bière. Près de la moitié (47 %) des usagers d’alcool consomment des spiritueux alors que 36 % font usage d’autres types de boissons alcoolisées (cidre, cooler, porto).
  • Vingt-cinq pour cent des Québécois rapportent consommer plus d’une fois par semaine.
  • Éduc’alcool rapporte que 10 % des buveurs considèrent que leur consommation nuit à leur santé.
  • Toujours selon l’Enquête de surveillance canadienne de la consommation d’alcool et de drogues (ESCCAD) réalisée en 2012, 16,1 % des Québécois âgés de 15 ans et plus dépasseraient les limites conseillées pour réduire les risques à long terme de leur consommation. Il s’agit du pourcentage le plus élevé parmi les provinces canadiennes. L’étude révèle aussi que 10,4 % dépasseraient les limites conseillées pour réduire les risques à court terme de leur consommation.
  • En 2013, 20,8 % des Québécois de 12 ans et plus déclaraient une consommation abusive d’alcool (5 verres ou plus pour les hommes et 4 ou plus pour les femmes au moins 12 fois) au cours de la dernière année. Le Québec est l’une des cinq provinces canadiennes qui affichent un taux supérieur à la moyenne nationale (18,9 %).
  • Au cours de l’année 2010-2011, 15 % des étudiants québécois au secondaire rapportent avoir consommé de l’alcool au moins une fois par semaine.
  • Une consommation excessive d’alcool (5 consommations ou plus au cours d’une même occasion) est rapportée par 41 % des élèves québécois de niveau secondaire en 2010-2011.
  • 10 % pour cent des élèves interrogés dans l’enquête québécoise sur la santé des jeunes du secondaire en 2010-2011 affirment avoir consommé de l’alcool avant l’âge de 12 ans, donc au primaire.
  • En 2010-2011, 63 % des élèves québécois de niveau secondaire admettent avoir consommé de l’alcool au cours de leur vie et 60 % au cours de la dernière année.

Conduite avec les capacités affaiblies

  • En 2012, on recense au Canada 84 483 infractions relatives à la conduite avec les facultés affaiblies par l’alcool ou la drogue dont 16 575 (19,6 %) au Québec. Après l’Ontario, il s’agit du plus faible taux par 100 000 habitants au pays.
  • La très grande majorité des personnes inculpées pour conduite avec les facultés affaiblies au Canada sont des hommes (82 %).
  • La conduite avec facultés affaiblies est l’une des deux principales causes d’accidents mortels sur les routes au Québec, l’autre étant la vitesse.
  • Selon le bilan routier de la SAAQ, en 2012, 37,1 % des conducteurs décédés dans un accident de la circulation au Québec présentaient un taux d’alcoolémie supérieur à la limite permise de 80 mg %.
  • Au Québec, on enregistre en 2011, 16 820 cas de conduite avec facultés affaiblies rapportés par la police, soit un taux de 211 par 100 000 habitants. Il s’agit d’une réduction de 18 % par rapport à 2001.

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Que prévoit la loi ?

L’alcool est un produit licite dont la production, la vente et l’usage sont principalement régis par la Loi sur les aliments et drogues. L’importation, l’exportation, l’imposition des taxes et la publicité des produits de l’alcool sont de compétence fédérale. La commercialisation, la promotion publicitaire et la vente des produits destinés à être consommés à l’extérieur des points de vente sont de juridiction provinciale.

L’établissement des prix, l’âge légal de consommation et l’interdiction de vente aux personnes intoxiquées caractérisent de telles mesures législatives, de même que l’interdiction de consommer ou de s’intoxiquer sur la voie publique. Par contre, l’âge légal pour consommer de l’alcool est soumis à certaines exceptions comme la prise d’alcool dans le cadre d’un rituel religieux ou la supervision parentale à l’intérieur d’une résidence. L’interdiction pour les commerçants du Québec de vendre de l’alcool après 23 heures est un autre exemple de cette législation.

Conduite avec les capacités affaiblies

Au Québec, quand une personne est interceptée au volant de son véhicule avec les capacités affaiblies, elle est susceptible de subir des sanctions à deux paliers différents : au fédéral, en vertu du Code criminel et au provincial, en vertu du Code de la sécurité routière.

Les infractions suivantes relèvent du Code criminel :

  • conduire, opérer ou avoir la garde ou le contrôle d’un véhicule moteur, lorsque sa capacité de conduire ce véhicule est affaiblie par l’effet del’alcool ou d’une drogue (art. 253(a)) ;
  • conduire, opérer ou avoir la garde ou le contrôle d’un véhicule moteur, lorsqu’on a consommé une quantité d’alcool telle que son alcoolémie dépasse 80 mg/100 ml de sang (art. 253(b));
  • refuser de fournir un échantillon d’haleine ou de sang aux fins d’analyse sans motif raisonnable (254(5)) ;
  • commettre une infraction en vertu de l’art. 253(a) causant des lésions corporelles (art. 255(2)) ;
  • commettre une infraction en vertu de l’art. 253(a) causant la mort (art. 255(3)).

Le Code criminel prévoit les peines suivantes :

  • amende minimale de 1000 $ (1re infraction) ;
  • emprisonnement (minimum de 30 jours pour une seconde infraction et de 120 jours pour une troisième infraction ; peine maximale d’emprisonnement à perpétuité pour les capacités affaiblies ayant causé la mort) ;
  • interdiction de conduire (de 1 à 3 ans et de 2 à 5 ans pour une seconde offense) avec possibilité d’antidémarreur ;

Le Code de la sécurité routière prévoit les mesures suivantes :

  • suspension immédiate du permis de conduire à la suite d’un constat d’infraction (90 jours) ;
  • révocation du permis de conduire à la suite d’une condamnation au Code criminel (1 à 5 ans ; 3 à 5 ans si alcoolémie supérieure à 160 mg/100 ml de sang) ;
  • conditions préalables à la réobtention du permis :
    • session d’éducation Alcofrein (1re infraction)
    • évaluation sommaire ou complète du comportement face à l’alcool et la conduite automobile ;
  • antidémarreur éthylométrique ;
  • saisie du véhicule (7, 30 ou 90 jours) et amende (300 $ à 3 000 $) si conduite avec capacités affaiblies.

La loi interdit de se retrouver intoxiqué à bord de son véhicule, même si le moteur est éteint ou que l’on n’est pas à la place du conducteur (exemple : dormir sur la banquette arrière du véhicule). Ceci est dû au fait que l’on considère que la personne a la garde ou le contrôle de son véhicule.

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