La cocaïne, le crack et la freebase, qu'est-ce que c'est ?

La cocaïne, qu’est-ce que c’est ?

La cocaïne est un stimulant majeur du système nerveux central. Elle est extraite des feuilles du coca, un arbrisseau cultivé surtout en Amérique du Sud, mais également en Indonésie et dans l’est de l’Afrique. Elle peut se présenter sous trois formes :

  • La pâte de cocaïne : elle peut provenir d’un mélange avec du bicarbonate de sodium et de l’eau. Elle est généralement fumée. Des trois formes de cocaïne présentées ici, la pâte est la moins pure;
  • Le sel de cocaïne (chlorhydrate de cocaïne) : c’est une fine poudre cristalline blanche, sans odeur et à saveur anesthésique qui rappelle l’éther. Elle peut être prise par voie orale, intranasale (reniflée) ou elle peut être injectée. Elle ne peut être fumée, car elle est détruite en grande partie par la chaleur. C’est la forme purifiée;
  • La cocaïne-base (base libre ou freebase) : c’est un solide cireux blanc, jaunâtre ou grisâtre. Elle peut être fumée ou prisée. Elle ne peut pas être injectée, car elle n’est pas soluble dans l’eau. Elle peut aussi être appelée crack (à cause du craquement produit lorsqu’elle est fumée) ou rock (sous forme de petites roches  blanches ou jaunâtres). C’est la forme de cocaïne la plus pure.

La cocaïne est fréquemment mélangée à d’autres substances, ce qui peut accroître sa dangerosité.

Ainsi, selon la forme, la cocaïne peut être consommée par voie orale, intranasale (la ligne de coke est reniflée), fumée ou injectée par voie intraveineuse. La voie intranasale, appelée aussi voie prisée (reniflée ou « sniffée »), est le mode d’administration le plus populaire au Québec. Généralement, l’usager place un peu de poudre (ex.: 250 mg) de cocaïne sur une surface de verre dure et lisse et la réduit finement avec une lame de rasoir ou une carte plastifiée. Puis, il trace des « lignes de cocaïne » qu’il aspire par le nez à l’aide d’une paille. Un quart de gramme de cocaïne de pureté moyenne (50 %) permet de faire habituellement cinq lignes dont chacune renferme approximativement 25 mg de cocaïne pure. La dose unique reniflée est d’environ 50 mg partagés entre les deux narines.

La cocaïne est fréquemment mélangée à d’autres substances, ce qui peut accroître sa dangerosité et potentialiser les effets et les interactions avec des produits dont on ne connaît pas la nature.

Crack et freebase : des dérivés de la cocaïne

Le crack est un mélange de cocaïne, de bicarbonate de sodium ou d’ammoniaque, qui se présente sous la forme de petits cailloux. Il peut aussi être appelé freebase ou rock. L’usager en inhale la fumée après les avoir chauffés. Cette opération provoque des craquements, d’où son nom.

La consommation régulière de crack crée rapidement une forte dépendance psychologique et une neurotoxicité  (dégénérescence des neurones) très importante.

Ce mode de consommation provoque des effets immédiats et beaucoup plus intenses que ceux de la cocaïne reniflée : le produit arrive plus rapidement au cerveau, la durée de l’effet euphorisant est plus brève et la descente est beaucoup plus désagréable. Ses effets sont semblables à ceux de la cocaïne injectée.

L’usage régulier de crack peut entraîner :

  • des dommages rapides sur le cerveau;
  • des comportements violents;
  • des épisodes paranoïdes et des hallucinations;
  • des idées suicidaires;
  • des états d’épuisement physique et psychique avec une altération de la condition générale;
  • de graves altérations des fonctions cardiaques ou respiratoires;
  • des arrêts cardiaques ou respiratoires;
  • des lésions cutanées (aux mains et aux lèvres) liées aux pratiques de consommation.

Les usagers, même après avoir cessé d’en consommer, restent souvent et longtemps (plusieurs mois) soumis à des altérations de l’humeur et à un désir très important de reprise de la drogue (craving) à l’origine de fréquents épisodes de rechute.

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Effets et dangers de la cocaïne

La cocaïne provoque une euphorie, un gain d’énergie, une stimulation de la vigilance, l’augmentation des perceptions sensorielles, l’accroissement de la confiance en soi, un sentiment de puissance physique et intellectuelle, une suppression de la fatigue, de l’appétit et de la douleur, ainsi qu’une diminution des besoins de sommeil. Cet état de stimulation est souvent accompagné d’une certaine agitation et d’anxiété.

Après la période d’euphorie, qui est de courte durée, une sensation de malaise (dysphorie), accompagnée d’anxiété s’installe. Cet état pousse le consommateur à répéter la prise selon un horaire plus ou moins régulier (ex.: une ligne aux 30 minutes). Au fur et à mesure que la consommation progresse, l’anxiété et l’agitation augmentent. L’usager a alors souvent recours à la prise simultanée d’alcool, d’anxiolytiques, de sédatifs ou de cannabis pour réduire ces symptômes ou pour trouver le sommeil.

Sur le plan du comportement, la cocaïne peut aussi causer l’égocentricité, la méfiance, la colère, l’altération du jugement, la perturbation du fonctionnement social ou professionnel et la psychose toxique. Cette psychose toxique peut s’accompagner d’une perturbation de l’appréciation de la réalité, de délire et d’hallucinations. Environ les deux tiers des cocaïnomanes ont des idées délirantes à type de persécution.

Avec des doses répétées de cocaïne, l’anxiété, l’altération du jugement et du fonctionnement, les idées de grandeur, l’hypervigilance, la méfiance, les sautes d’humeur, les troubles paranoïdes, l’agitation psychomotrice, l’irritabilité, la colère, l’agressivité, les hallucinations visuelles, auditives et sensorielles, ainsi que le délire sont relativement fréquents. L’intoxication aiguë à la cocaïne s’estompe généralement après 6 à 24 heures.

La cocaïne peut aussi conduire à des actes violents, du fait de ses effets perturbateurs sur le comportement. Certains crimes commis sous l’influence de la cocaïne, notamment du crack, se caractérisent par leur grande violence.

La cocaïne provoque :

  • une contraction de la plupart des vaisseaux sanguins. Les tissus, insuffisamment irrigués, s’appauvrissent et, par conséquent, meurent. C’est souvent le cas de la cloison nasale qui peut même être perforée chez ceux qui inhalent ou reniflent régulièrement la cocaïne;
  • chez les personnes plus sensibles, ou lors de la consommation de doses importantes, la cocaïne peut provoquer des troubles psychologiques, une grande instabilité de l’humeur, des délires paranoïdes, des hallucinations (surtout auditives) ou des attaques de panique. De plus, la cocaïne provoque parfois une psychose toxique, laquelle est caractérisée par une perte de contact avec la réalité. Le comportement de l’individu intoxiqué devient alors imprévisible et potentiellement dangereux;
  • une augmentation de l’activité psychique et, par conséquent, des insomnies, des phases d’excitation et des pertes de mémoire. Une autre caractéristique de la cocaïne est la sensation de toute- puissance provoquée qui, jumelée à un effet désinhibiteur, en fait un produit qui facilite le passage à l’acte pour divers comportements indésirables ou même criminels tels que les dépenses compulsives, l’agressivité, les actes violents de diverses natures et intensités et les agressions sexuelles.

Par ailleurs, les accessoires utilisés pour renifler peuvent transmettre les virus des hépatites A, B et C s’ils sont partagés entre plusieurs utilisateurs. En cas d’injection, le matériel partagé peut aussi transmettre les virus du SIDA et des hépatites B et C.

Effets chroniques

La consommation abusive et prolongée de cocaïne conduit à une intoxication chronique qui affecte l’ensemble de l’organisme. Les principales complications de l’usage chronique de la cocaïne peuvent se résumer ainsi :

  • système nerveux central :
    • effets neurologiques et cérébrovasculaires : maux de tête, tremblements, convulsions, œdème cérébral, infarctus cérébral, hémorragie, encéphalopathie, coma;
    • effets psychiatriques et comportementaux : anxiété, irritabilité, altération du jugement, insomnie, dépressions graves avec idées suicidaires, comportements violents, trouble paranoïde grave, délire, psychose toxique;
  •  système cardiovasculaire : arythmies cardiaques, infarctus du myocarde, hypertension artérielle, rupture de l’aorte, anévrisme;
  •  système respiratoire : difficultés respiratoires, aggravation de l’asthme, toux, expectorations de sang, bronchospasme, hémorragies alvéolaires, pneumothorax, thrombose pulmonaire, maladie pulmonaire obstructive chronique;
  • système oto-rhino-laryngologique : rhinite, sinusite, laryngite, saignement du nez, nécrose et perforation de la cloison nasale;
  • système gastro-intestinal : nausées, vomissements, diarrhée, anorexie, malnutrition, ulcération gastro-intestinale;
  • système rénal : insuffisance rénale;
  • système musculaire : rhabdomyolyse, c’est-à-dire la destruction diffuse du muscle qui entraîne la libération d’une grande quantité de myoglobine dans le sang. Cette myoglobine peut se déposer dans les reins et provoquer une insuffisance rénale;
  • système immunitaire : affaiblissement des réactions immunitaires, risque accru d’infections, particulièrement au VIH/SIDA, aux hépatites B et C et au tétanos chez les utilisateurs de drogues injectables (UDI) qui partagent des aiguilles et des seringues souillées;
  • système hormonal : hyperprolactinémie (augmentation du taux de prolactine dans le sang qui provoque un engorgement des seins), hausse des concentrations de thyroxine (hormone thyroïdienne);
  • métabolismes : hypoxie (diminution de la quantité d’oxygène dans les tissus), fièvre, hypoglycémie (baisse du taux de sucre dans le sang), acidose lactique, perturbations du taux de potassium dans le sang;
  • autres effets : caries, érosion de l’émail dentaire, inflammation et ulcération des gencives, kératites (inflammation de la cornée de l’œil), altérations de l’odorat, déshydratation, perte de poids, carence en vitamines B1, B6 et C, troubles sexuels, perturbations du système reproducteur, complications en cours de grossesse, malformations congénitales, mort subite.

Interactions avec d’autres substances

Dans le monde de la toxicomanie, les consommateurs dépendants ont parfois recours au mélange cocaïne-héroïne appelé populairement « speedball ». L’usager recherche dans cette liaison dangereuse à augmenter les effets euphorisants que provoquent les deux substances quand elles sont prises séparément, d’atténuer les effets désagréables de la cocaïne tels que l’état d’excitation et l’insomnie ou de combattre la somnolence provoquée par l’héroïne.

Cependant, l’association cocaïne-héroïne est dangereuse pour la santé, car elle augmente les risques de toxicité, notamment la dépression respiratoire à fortes doses. D’autre part, la consommation simultanée de cocaïne et d’alcool provoque la formation d’un métabolite (produit de transformation) actif appelé cocaéthylène. Ce produit augmente l’intensité et la durée de l’effet de la cocaïne et s’avère toxique pour le cœur et le foie. De plus, l’association cocaïne-alcool produit une augmentation plus importante du rythme cardiaque et de la  pression artérielle et provoque une hausse significative des concentrations de norcocaïne, un autre métabolite toxique pour le foie.

 Cocaïne et grossesse

L’influence néfaste de la cocaïne pendant la grossesse n’a pas été clairement démontrée. Elle pourrait se traduire dans certains cas par l’avortement spontané, la naissance prématurée, la mort fœtale, le poids plus faible à la naissance et une microcéphalie (faible périmètre crânien).

 

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Tolérance et dépendance

La dépendance à la cocaïne est considérée comme très sévère.

La tolérance à la cocaïne, particulièrement pour l’effet euphorisant, se manifeste rapidement. Ainsi, la prise répétée procure moins d’effets agréables d’une dose à une autre, ce qui entraîne une escalade des doses ou une augmentation des fréquences d’administration.

La dépendance à la cocaïne, également appelée cocaïnomanie ou cocaïnisme, est bien documentée. Elle est considérée comme très sévère. On peut soupçonner un abus ou une dépendance à la cocaïne lors de la présence de changements de personnalité inexpliqués. Le cocaïnomane est généralement irritable, compulsif, souffre de troubles de concentration et d’insomnie et perd du poids. Il peut manifester une difficulté progressive à accomplir ses tâches habituelles. Les difficultés financières engendrées par l’abus de cocaïne peuvent se traduire par un découvert bancaire important.

Le crash, ou dépression post intoxication, est un état de sevrage aigu apparaissant quelques minutes après l’arrêt de la consommation de cocaïne. Les principaux symptômes de sevrage à la cocaïne sont le besoin obsessif de consommer (en anglais craving), la dysphorie (malaise général), les troubles de sommeil, la fatigue, l’épuisement, l’anxiété, l’agitation, l’irritabilité, l’impulsivité, le ralentissement du rythme cardiaque et la dépression. Plusieurs consommateurs ont recours à l’alcool ou aux tranquillisants pour retrouver le sommeil. Habituellement, après l’arrêt d’une consommation modérée de cocaïne, les symptômes de sevrage disparaissent en 18 heures. Si la consommation est forte, le sevrage atteint son maximum après deux à quatre jours d’interruption de l’usage. À l’exception du besoin compulsif de consommer, ce syndrome disparaît généralement après une à trois semaines.

La dépendance psychologique à la cocaïne est très forte et difficile à surmonter. Le désir obsédant de consommer se manifeste sous deux formes: le désir anhédonique (désir dû à l’absence de plaisir) et le désir conditionné. Le désir anhédonique résulte de l’ennui et du besoin de ressentir l’effet euphorisant de la cocaïne. Le désir conditionné émane des stimuli présents dans l’environnement au moment où l’individu consommait. Leur présence (vision ou contact) déclenche le désir de consommer. Ainsi, se retrouver dans un contexte d’usage antérieur (lieux, partenaires, chansons, etc.) ou voir de la cocaïne ou du matériel de consommation peut évoquer des sensations de la cocaïne fumée (goût, odorat) et entraîner des réactions physiques comme la transpiration, le souffle court et des troubles gastro-intestinaux. Ce désir compulsif est très marqué avec la cocaïne.

Il n’existe pas de traitement de substitution comme celui qui existe pour les opiacés. La prise en charge fait appel à des techniques variées (traitements antidépresseurs, thérapies de groupes ou individuelles, approches motivationnelles, etc.). Elle doit dans tous les cas s’appuyer sur un accompagnement long et continu.

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Quelques statistiques

  • L’Enquête de surveillance canadienne de la consommation d’alcool et de drogues (ESCCAD) estime qu’en 20122, 7,3 % des Canadiens et 6,3 % des Québécois âgés de 15 ans et plus avaient consommé de la cocaïne au moins une fois dans leur vie.
  • Au Canada, 79 % des femmes et 68 % des hommes incarcérés dans un pénitencier fédéral admettent avoir fait usage de cocaïne dans les trois mois qui ont précédé leur détention.
  • En 2013*, la Sûreté du Québec ouvrait 798 dossiers pour une infraction en matière de possession, possession en vue de trafic, trafic, production ou importation-exportation de cocaïne et 24 pour des infractions reliées au crack.
  • La cocaïne (83,8 %) suivie du Dilaudid (39 %), de l’héroïne (39 %), de la morphine (26,6 %) de l’oxycodone (16,8 %) et du crack (13,9 %) sont les substances les plus souvent injectées au cours des six derniers mois selon les analyses du réseau SurvUDI.
  • À Montréal, la cocaïne est la drogue la plus fréquemment injectée (73,7 % des UDI).
  • En 2010-2011, la cocaïne est une drogue consommée par 2,9 % des élèves québécois de niveau secondaire au cours de l’année qui a précédé l’entrevue.
  • Au Québec, une étude réalisée auprès d’un échantillon de jeunes des centres jeunesse indique que plus de 40 % d’entre eux ont fait usage de cocaïne l’année qui a précédé leur entrée dans l’institution.

* E. Chartrand, chercheur, Service de la recherche, de la qualité et de la planification stratégique de la Sûreté du Québec (communication personnelle, 28 août 2014).

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Que prévoit la loi ?

  • La cocaïne est inscrite à l’annexe I de la Loi réglementant certaines drogues et autres substances.
  • La possession, le trafic, la possession en vue d’en faire le trafic, la production, l’importation et l’exportation sont illégaux.
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